DescriptionIl s’agit ici d’un court extrait mettant en scène le personnage cité ci-dessus.
Si vous le désirez, vous pouvez poster un petit commentaire à la suite de ce fil de discussion.
Bonne lecture !
Deux jours avaient passé et les époux Stevenson seraient bientôt rendus à la terre, en le cimetière principal de cette métropole où été né leur unique enfant. Cette décision avait été prise, en accord avec chacune des deux familles, afin que le jeune Peter puisse rendre hommage à ses parents quand il le souhaiterait. Bien sûr, cela aurait été impossible si Elisabeth et Erik avaient été inhumés en Ecosse, leur pays natal.
Un peu à l’écart du cortège, un homme attendait.
- Est-ce que tu la vois ? interrogea Tyler, via l’oreillette.
A vrai dire, Jack Smith détestait ce type d’appareillage, préférant de loin travailler à l’ancienne, comme il aimait à le formuler, mais ses supérieurs l’entendaient autrement, persuadés que leurs agents parviendraient ainsi à coordonner au mieux leurs mouvements et gagneraient du même coup en efficacité.
L’homme répondit aussitôt, tout en scrutant les alentours.
- Non [avant d’ajouter], mais elle ne devrait plus tarder.
Difficile à cerner, personnalité complexe et autodidacte cultivant le secret autour de lui, Jack entendait montrer à ses employeurs qu’il était digne de la confiance que ceux-ci lui accordaient désormais. C’était là, en vérité, sa première mission d’importance pour le compte de ces derniers. Les données du problème étaient simples : un commando armé allait débarquer en plein milieu de la cérémonie funèbre afin d’abattre l’un des chefs de l’organisation pour laquelle il travaillait, le milliardaire de nationalité allemande Karl Amschel, venu se recueillir sur la tombe de deux scientifiques de renommée internationale, et, bien qu’ignorant de quelle manière ses employeurs l’avaient appris, le militaire était bien décidé à appréhender ou, selon le cas, abattre le leader du commando, une femme dont il ne connaissait que le nom de code : Freyja.
C’est en se remémorant son visage qu’il l’aperçut.
- Je l’ai ! s’exclama-t-il en chaussant ses jumelles.
Curieusement, cette jeune femme, la vingtaine, peut-être moins, l’intriguait au plus haut point, sans trop savoir pourquoi. Peut-être évoquait-elle en lui la figure que serait sa propre fille à l’âge adulte, arrachée à l’affection paternelle deux ans plus tôt par une épouse infidèle qui, de surcroît, avait réussi à obtenir la garde de la gamine, aujourd’hui âgée de douze ans. Meurtri au plus profond, il avait très vite cessé de se battre avec son épouse qui, aidée d’un avocat particulièrement retors et fin connaisseur du droit et de ses failles, le calomniait à longueur de séance au tribunal sans qu’il puisse se défendre vraiment, peu fortuné et maladroit à l’oral, contre ce qu’il considérait depuis comme l’injustice et l’échec les plus douloureux de son existence.
C’est cette blessure qui le poussa à devenir mercenaire.
- Les hommes sont postés, répondit Tyler, au signal…
En vérité, Jack connaissait le plan d’intervention par cœur et, de plus, leurs hommes, dissimulés ici et là à l’intérieur et hors du cimetière, bénéficiaient de l’effet de surprise. A priori, cela ne serait pas très compliqué, espérant que le sang ne coulerait pas inutilement, le sien, bien entendu, celui de ses compagnons, aussi, ou encore celui de ses adversaires du moment. A cet instant précis de sa vie, l’homme n’aurait jamais soupçonné que capturer cette frêle carcasse lui prendrait autant de temps, d’énergie et d’efforts, moins encore ce qu’il ferait exactement de cette lointaine victoire sur Freyja.
Légaliste dans l’âme, ce qui pouvait sembler pour le moins paradoxal, épris d’aventures en tout genre et depuis toujours emporté par le souffle romantique et les tempêtes qui battaient entre ses tempes, Jack était encore loin d’entrevoir qu’il serait bientôt, à son insu, l’auxiliaire le plus efficace d’une autorité brutale, corrompue et illégitime. A cette époque, en vérité, le Temple ne lui disait encore rien, aussi ses supérieurs se garderont-ils toujours de prononcer ce nom en sa présence.
Peut-être pressentaient-ils, déjà, ce qu’il en adviendrait.
- Entendu, fit Jack au signal. Je fonce !
Hâtant le pas, le jeune homme filait en direction de la petite butte qui surplombait l’endroit du cimetière où le cercueil de Elisabeth Stevenson venait d’être mis en terre, bientôt suivi par celui qui contenait la dépouille mortelle de son mari. C’est alors qu’il aperçut Tyler, avec qui il semblait s’entendre à merveille, puis plusieurs de ses propres hommes surgirent à leur tour sur les arrières de Freyja et d’un groupe de quatre individus armés au milieu duquel figurait une autre jeune femme. En contre-bas, entouré de Susan et Andrew, les yeux rivés sur la couronne mortuaire, le jeune Peter se retourna brusquement.
Une fusillade venait d’éclater.
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